20 ans de blogging technique : ce que j’ai appris

Depuis 2009, ce blog m’accompagne comme un carnet de route technique. De SPIP aux lignes de commande, des astuces de développement aux projets domotiques, j’y ai consigné mes découvertes, mes erreurs et mes progrès. Quinze ans plus tard, je prends un peu de recul pour partager ce que cette aventure d’écriture m’a appris : documenter pour soi, transmettre aux autres et laisser une trace vivante d’un parcours de développeur qui évolue.

Un chemin commencé en 2009

Mon tout premier article de la rubrique Blog, publié en décembre 2009, portait sur un filtre graphique dans SPIP : un petit bout de code, rien de plus. À ce moment-là, je n’avais pas de plan éditorial ni d’ambition particulière. J’écrivais pour ne pas oublier, pour garder une trace de mes expérimentations. Avec le temps, ces notes éparses sont devenues un journal technique à part entière, un espace vivant où se mêlent astuces rapides, réflexions plus construites et découvertes au fil de mes projets.
En revenant sur quinze années de publications, je réalise que ce blog a suivi le même rythme que ma propre évolution. Il a connu des périodes d’intense activité, des creux inévitables, mais toujours cette constance : revenir écrire quand une idée, un problème ou une solution méritaient d’être partagés.

Les grandes périodes de mon blog

2009–2013 : Les fondations techniques
Lorsque j’ai ouvert la rubrique Blog, je ne pensais pas vraiment à construire une ligne éditoriale. J’écrivais surtout pour moi, afin de conserver quelque part les petits bouts de code et les astuces que je découvrais. SPIP occupait une place centrale dans mes expérimentations. J’y testais les filtres, les boucles, les façons d’améliorer l’affichage ou d’optimiser mes squelettes. Beaucoup de mes articles de cette période sont courts, précis, et volontairement très pratiques. Ils reflètent un quotidien de développeur-intégrateur en construction, avide de solutions concrètes.

Ce foisonnement technique a constitué une véritable fondation. Non seulement il m’a permis d’apprendre plus vite en formalisant mes découvertes, mais il m’a aussi donné un sentiment d’appartenance à une communauté plus large. Chaque billet publié devenait une petite pierre ajoutée à l’édifice collectif du web libre.

2014–2018 : Moins de volume, plus de spécialisation
Après cette période d’intense production, le rythme s’est ralenti. Les années 2014 à 2018 ne comptent qu’une poignée d’articles, mais ceux-ci sont plus ciblés. Je n’avais plus besoin de consigner chaque manipulation, chaque filtre ou chaque commande. Mon blog a pris une autre fonction : celle de mémoire technique. J’y revenais surtout quand une solution méritait vraiment d’être fixée, ou lorsqu’un sujet demandait un peu plus de recul.

On y voit apparaître de nouveaux thèmes, notamment l’industrialisation du développement avec l’arrivée de Git, mais aussi des réflexions plus transverses sur l’organisation de mes projets. Cette période marque un passage de l’accumulation de notes à une sélection plus rigoureuse de ce que je jugeais utile de partager. Il m’arrivait parfois de rassembler un ensemble de références, d’articles, de tuto dans un seul et même article sur mon blog. En effet, quand on rencontre une difficulté dans un développement, on regarde les solutions sur Stack Overflow, ou toute autre source. La solution n’était pas systématiquement dans la même source mais au sein de plusieurs. Au lieu de m’arracher les cheveux plus tard à refaire ce parcours, je mettais tout ça dans un article.

L’article "Petits réglages pour symfony sous Mac OSX" est un exemple concret de cela. Lors de ma formation en tant que développeur multimédia, j’apprenais le développement avec Symfony (pfiuuuu la v2 !) et on devait faire un réglage particulier. 5 ans après sa mise en ligne, je recevais encore des remerciements de personnes qui avaient rencontré le même problème !

2019–2021 : Relances ponctuelles
Le blog connaît ensuite une phase plus irrégulière. Quelques articles apparaissent, souvent liés à mes outils du quotidien. J’écris sur VSCode, sur Git, sur des pratiques de développement qui se sont imposées au fil des années. Le blog devient alors une sorte de miroir de mon environnement de travail. Je ne publie pas souvent, mais chaque article porte une trace claire de ce que j’utilise réellement. Je ne cherche pas à faire comme les autres : des articles à la mode. Certes, le blog ici présent est professionnel, ce n’est pas un journal personnel mais on y ressent toutefois mon évolution.

C’est une période où je ne cherche pas à maintenir un rythme de publication. Je laisse venir les sujets. Je préfère la qualité à la quantité, quitte à publier rarement. Ces articles isolés marquent pourtant des jalons importants de mon évolution professionnelle, puisqu’ils correspondent à une transition dans mes outils et mes méthodes. Cette période a été pour tout le monde incertaine... à cause du COVID. Étant confiné, nous avions du temps, j’avais du temps. Je me suis mis à la domotique et j’ai jeté sur le papier (numérique) mes pas à pas pour la mise en place de ma domotique avec MagicMirror2. Mais cela a été, comme pour beaucoup, une période de remise en question...

2022–2025 : Renaissance et diversification
À partir de 2022, et plus encore en 2024, une nouvelle dynamique s’installe. Le blog reprend vie avec des sujets qui dépassent le seul cadre du développement web. La domotique devient un fil rouge, avec Home Assistant et MagicMirror comme terrains d’exploration privilégiés. J’y raconte mes scénarios, mes tableaux de bord, mes expériences d’automatisation. Ces articles sont souvent plus narratifs, plus proches de mon quotidien, tout en restant très techniques.

Cette renaissance ne signifie pas un abandon de SPIP. Au contraire, SPIP reste présent comme une base solide, mais il cohabite désormais avec d’autres univers. Le blog devient le lieu où je croise mes compétences de développeur web avec mes envies d’expérimenter dans la maison connectée. On y sent une maturité nouvelle : je n’écris plus seulement pour garder une trace, mais aussi pour transmettre une vision, pour relier mes savoir-faire à des usages concrets qui parlent à d’autres.

Ce que j’ai appris en 15 ans de blogging technique

Au début, j’écrivais sans autre intention que de me créer une mémoire technique. Une astuce notée, un filtre documenté, et je savais que je pourrais y revenir sans perdre du temps.

Puis j’ai découvert que ces articles servaient aussi à d’autres.

Avec le temps, j’ai vu mes thématiques évoluer. D’abord centrées sur SPIP, elles se sont élargies vers le PHP, les outils de développement, puis la domotique et Home Assistant. Ce mouvement naturel a fait du blog un miroir de mes pratiques réelles. Il illustre le fait qu’un blog n’est pas figé : il vit, se transforme, et accompagne son auteur dans ses propres changements. Cette liberté d’évolution est ce qui l’a maintenu pertinent pour moi comme pour mes lecteurs.

L’écriture elle-même a été une école. Pour publier un article, même court, il faut organiser ses idées, clarifier un raisonnement, trouver des mots justes. Ce travail m’a appris à mieux expliquer, à vulgariser, à rendre mes pratiques compréhensibles. Cette compétence, acquise peu à peu, dépasse largement le cadre du blog et rejaillit sur ma manière de collaborer.

Il m’a aussi fallu apprivoiser l’irrégularité. Certaines années foisonnent d’articles, d’autres sont plus creuses. J’ai longtemps perçu ces silences comme des manques, avant de comprendre qu’ils faisaient partie du rythme. Un blog ne se mesure pas à la fréquence hebdomadaire ou mensuelle, mais à la continuité sur le long terme. Chaque retour d’écriture enrichit le fil, même après une pause.

Enfin, il y a l’impact professionnel. Le blog m’a donné une visibilité dans la communauté SPIP, renforcé mon image de développeur partageur, et laissé des traces concrètes de mon évolution. Mais le bénéfice le plus profond reste personnel : voir s’accumuler ces fragments de mémoire, année après année, et sentir que j’ai bâti une archive vivante de mon propre chemin.

Les défis rencontrés

Le premier défi a été la régularité. Publier sur un blog demande une constance qui se heurte très vite aux contraintes de la vie professionnelle et personnelle. J’ai connu des années de forte activité, où j’enchaînais les articles presque naturellement, porté par mes découvertes et mon enthousiasme. Mais j’ai aussi traversé des périodes beaucoup plus silencieuses, où l’envie d’écrire ne trouvait pas sa place dans un quotidien chargé. Le défi n’était pas seulement de trouver le temps, mais surtout de garder la flamme. À chaque pause, je me suis demandé si je reviendrais. Et chaque fois, j’ai fini par rouvrir l’éditeur et recommencer, preuve que l’écriture était devenue pour moi une habitude de fond, une discipline ancrée au-delà des aléas.

Un autre défi important a été l’adaptation aux évolutions techniques. Entre 2009 et 2025, les outils ont radicalement changé. J’ai commencé à écrire dans un contexte dominé par SPIP, le PHP artisanal et des feuilles de style construites à la main. Puis il a fallu intégrer Git, comprendre les frameworks, apprivoiser les environnements modernes, et plus récemment m’ouvrir à la domotique. Chaque saut technologique m’a obligé à réinventer mes sujets, à revoir ma façon de présenter les choses. Ce n’était pas seulement une mise à jour technique, mais aussi un effort d’écriture : comment expliquer autrement, avec des mots simples, des réalités devenues plus complexes.

Le blog a aussi rencontré ses limites en termes de visibilité. À une époque où les réseaux sociaux ont pris une place énorme, il peut sembler plus simple de poster une solution sur Twitter, Mastodon ou un forum que de rédiger un article complet. Tenir un blog suppose de résister à cette tendance, de garder l’ambition d’un espace autonome, qui ne se dilue pas dans le flux éphémère.

Un autre défi a été l’équilibre entre notes personnelles et contenu utile aux autres. Écrire pour soi est simple, mais écrire pour être lu impose un effort supplémentaire.

Il y a aussi le défi de la motivation, parfois émoussée après des années de publication.

Enfin, il y a le doute, toujours présent : est-ce que ce que j’écris est pertinent ?

Ce que je referais différemment

Avec le recul, il y a des choix que j’aurais pu affiner dès le départ. Par exemple, poser une ligne éditoriale plus claire entre mes notes brutes et mes articles construits.

J’aurais aussi aimé organiser plus rigoureusement les mots-clés et les catégories. Cela m’aurait permis d’exploiter pleinement l’indexation et de faciliter la navigation pour mes lecteurs. De petites décisions prises tôt peuvent avoir un grand impact sur la structure d’un blog.

Un autre point concerne la diversité des sujets. La domotique, par exemple, m’a séduit bien avant 2020 grâce aux contenus DIY et aux chaînes Youtube que je suivais. Pourtant, je n’ai trouvé un cadre concret pour l’appliquer qu’à partir de cette date, dans mon quotidien à la maison. J’aurais pu en parler plus tôt, ne serait-ce que sous forme de veille ou de découvertes, même si ce domaine reste pour moi personnel et en dehors de toute sphère professionnelle.

Il y a également la question du ton. J’aurais pu oser davantage un style personnel, en assumant la part de récit qui rend certains billets plus vivants. La technique pure est utile, mais les anecdotes et le contexte donnent souvent une valeur supplémentaire.

Enfin, si c’était à refaire, je travaillerais davantage sur la mise en valeur visuelle de mes articles. Non pas pour rechercher l’effet esthétique, mais pour accompagner la lecture, donner des points d’appui, et rendre mes contenus plus accessibles dans la durée.

Conclusion : pourquoi continuer en 2025

Écrire reste nécessaire.

Un billet, même simple, peut encore trouver son utilité. Un blog vieillit bien mieux que les réseaux sociaux. Et il conserve une force que l’instantané ne peut pas offrir.

Continuer en 2025, c’est d’abord prolonger une habitude. Mais c’est aussi réaffirmer un choix : celui d’un espace indépendant, où je décide du rythme, des sujets, du ton. Je ne cherche pas la course à l’audience, mais la cohérence d’un journal technique qui suit son auteur sur la durée. Un blog n’a pas besoin d’être bruyant pour être utile.

Chaque article publié est une brique ajoutée à un édifice qui se construit lentement. Certains articles restent des notes rapides, d’autres deviennent des repères durables. Et parfois, un billet écrit presque pour moi se révèle précieux pour d’autres, plusieurs années après. C’est ce décalage temporel qui fait la richesse du blogging. La valeur d’un article ne se mesure pas au nombre de vues le lendemain de sa parution, mais à sa capacité à rester utile dans le temps.

En 2025, j’ai envie de continuer pour plusieurs raisons. Parce que j’apprends toujours en écrivant. Parce que j’éprouve du plaisir à relire mes propres archives et à y voir mon chemin. Parce que je sais que ce blog n’est pas seulement mon aide-mémoire, mais aussi un pont tendu vers ceux qui passent par les mêmes questions techniques. Parce qu’il m’offre un espace de liberté, loin des formats contraints des plateformes. Parce que la régularité imparfaite de mes publications n’a jamais été un frein, mais plutôt la preuve qu’il accompagne ma vie, telle qu’elle est. Parce que la transmission fait partie de ma façon de travailler et de partager. Parce qu’un billet bien construit vit longtemps et continue de voyager tout seul. Parce que dans ce blog, je retrouve à la fois un miroir, une trace et un terrain d’expérimentation. Et parce que, tout simplement, je ne pourrais pas vraiment arrêter d’écrire, tant c’est devenu une habitude ancrée.

Je suis aussi une personne cérébrale. J’aurais mille sujets personnels à explorer, sur ma vision de la vie ou sur le développement personnel, sans prétendre donner de leçons, simplement pour exprimer ce que je suis. Mais j’ai choisi de garder ce site et sa rubrique blog dans une dimension technique et professionnelle. Peut-être qu’un jour, j’ouvrirai un autre espace, dédié au développement personnel. Ici n’est pas le lieu que j’ai retenu pour cela.

Écrire, encore et encore, même sans obligation, même sans calendrier fixe, reste une manière de relier mon présent à mon passé et d’ouvrir la porte à l’avenir.

Au plaisir de découvrir vos retours, vos histoires et d’échanger autour de ces parcours partagés.